Christian Derval Ceinture Noire 4ième Dan de jiu-jitsu brésilien Ceinture Noire 3ième Dan de judo Brevet d’Etat de judo

 

 

 

 

Le pionnier du jiu-jitsu brésilien en France, retrace son parcours, sa rencontre avec Rickson Gracie, et l'évolution de cette discipline en plein essor.

 

Bonjour, pouvez en quelques mots nous retracer votre parcours de judoka ?

J'ai commencé le judo en 1961 et très vite je me suis intéressé à l'enseignement. A 16 ans, j'ai obtenu ma ceinture noire et j'ai pris l'habitude de seconder régulièrement mon professeur. Puis j'ai obtenu mon brevet d'état en 1973 et pendant 20 ans j'ai enseigné à l'US Créteil. Durant cette période je n'ai que très peu enseigné le jujitsu. Je considère d'ailleurs que le jiu-jitsu brésilien est une pratique qui s'apparente plus au judo qu'au jiu-jitsu, même s'il comporte toute une partie liée à la défense personnelle.

 

Comment avez-vous découvert le jiu-jitsu brésilien ?

 

En 1993, Christian Tissier me présente une vidéo de l'un des premiers combats d'Ultimate Fighting sur laquelle on voit un Brésilien gagner en newaza en utilisant des techniques de judo. Deux ans plus tard je reçois un appel de Pierre Yves Benoliel, le rédacteur en chef de Karate Bushido, qui cherche une salle sur Paris pour accueillir Rickson Gracie. J'accepte et le stage est un succès puisque 400 personnes sont présentes dont plusieurs haut-gradés en judo. Ce jour là je découvre une méthode vraiment impressionnante qui n'a rien à voir avec le newaza tel que je l'enseignais à l'époque. L'année suivante, en 1996, je pars au Brésil assister aux premiers championnats du monde, et j'en profite pour m'entraîner avec les Brésiliens qui me dominent allègrement lors des entraînements. Je suis finalement amener à participer à la compétition et je me classe 3e derrière un Brésilien et un Allemand. C'est une performance qu'il faut relativiser par le fait que seulement deux Brésiliens étaient autorisés à combattre et que le deuxième, allait se blesser en quart de finale. En 1997 je fais venir le double champion du monde Soneca, pendant un mois à Paris, puis durant l'été je me rend à New-York où Rickson Gracie me fais passer ma ceinture bleue - l'équivalent du 1e dan en judo -. En novembre 1997 je participe à un stage à Toronto au cours duquel Rickson Gracie me nomme représentant de son école pour l'Europe. Pendant trois ans je vais vivre une collaboration fréquente et riche avec Rickson et je vais commencer à développer le jiu-jitsu brésilien en France notamment au sein du Cercle Tissier. Malheureusement en 2000 nos relations vont se dégrader, en grande partie à cause de son entourage, et je décide de me séparer de son école pour développer ma propre méthode. J'avais déjà constaté qu'en dépit d'une immense connaissance technique, il n'avait pas établi de progression précise, ni de système d'enseignement, que l'aspect martial était dénigré et que certains éléments de sa méthode n'étaient pas applicables en Europe comme les clés et les étranglements chez les enfants.

 

Depuis 2000 vous développez votre propre méthode ?

Suite à la séparation avec l'école Rickson Gracie j'ai commencé à travailler avec un autre expert, Flavio Behring (8e dan), dont les conceptions sont plus proches des miennes, notamment concernant le respect et l'attitude que l'on se doit d'avoir sur un tapis. Mon travail ne s'est pas limité à la technique puisque j'ai fondé une fédération de jiu-jitsu brésilien, avec une progression et une école des cadres.

 

A quand remontent les premiers contacts avec la FFJDA ?

Les premières discussions ont eu lieu en 2002, mais l'intégration du jiu-jitsu brésilien au sein de la fédération a un peu traîné, même si le contact n'a jamais été rompu puisque j'ai été invité sur des stages à l'initiative d'Eugène Domagata. Cela m'a donné l'occasion d'intéresser Patrick Roux, qui a tout de suite accroché, puis l'information a circulé parmi les cadres techniques. Mais la date marquante c'est le 21 mai 2006, lorsque suite à notre rencontre, Jean-Luc Rougé, le président de la FFJDA, a donné son accord pour le développement d'une activité de type newaza dit « brésilien » et qu'une commission nationale newaza a été nommée au sein de laquelle figurent plusieurs jiu-jitsukas brésiliens.

 

Quelles sont les actions qui vont être mises en place durant la saison prochaine pour développer cette activité ?

Nous allons continuer à intervenir au niveau de la formation des professeurs et des cadres, afin que progressivement des référents soient mis en place dans les ligues. D'autres part des compétitions vont être organisées : nous travaillons à la mise en place d'un circuit national, et le troisième Open de Paris, qui aura lieu à l'Institut National du Judo, bénéficiera de tout le soutien logistique de la FFJDA. L'intérêt c'est également que ces compétitions seront désormais ouvertes à tous les licenciés FFJDA.

 

 

Maître Derval, mon ancien maître de  jiujitsu brésilien m'a beaucoup aider

dans la progression.J'ai bien aimer ses conseils et son idée du jjb.

Il refuse que les enfants appliquent des techniques dangereuses.

 

Paix à son âme de la part de william legrand

 

 

Christian Derval a commencé le judo en 1961 et s'est intéressé très vite à l’enseignement. A 16 ans, il a obtenu sa ceinture noire de Judo et a pris l’habitude de seconder régulièrement son professeur. Puis il a obtenu son brevet d’état en 1973 et pendant 20 ans, il a enseigné à l’US Créteil. Durant cette période il n'a que très peu enseigné le jujitsu. il considère d’ailleurs que le jiu-jitsu brésilien est une pratique qui s’apparente plus au judo qu’au jiu-jitsu, même s’il comporte toute une partie liée à la défense personnelle. 

 

En 1993, Christian Derval s'intéresse aux premiers combats d’Ultimate Fighting sur laquelle on voit un Brésilien gagner en newaza en utilisant des techniques de judo. Deux ans plus tard, il reçoit un appel de Pierre Yves Benoliel, le rédacteur en chef de Karate Bushido, qui cherche une salle sur Paris pour accueillir Rickson Gracie. Il accepte et le stage est un succès puisque 400 personnes sont présentes dont plusieurs haut-gradés en judo. Ce jour là, Christian découvre une méthode vraiment impressionnante qui n’a rien à voir avec le newaza tel qu'il l’enseignais à l’époque. L’année suivante, en 1996, il part au Brésil assister aux premiers championnats du monde, et en profite pour s’entraîner avec les Brésiliens qui le dominèrent allègrement lors des entraînements. Il est finalement amener à participer à la compétition et se classe 3ième derrière un Brésilien et un Allemand.

 

En 1997 il fait venir le double champion du monde Soneca, pendant un mois à Paris, puis durant l’été, il se rend à New-York où Rickson Gracie lui fais passer sa ceinture bleue (l’équivalent du 1er dan en judo). En novembre 1997, il participe à un stage à Toronto au cours duquel Rickson Gracie le nomme représentant de son école pour l’Europe. Pendant trois ans il va vivre une collaboration fréquente et riche avec Rickson et Christian va commencer à développer le jiu-jitsu brésilien en France notamment au sein du Cercle Tissier. Malheureusement en 2000, les relations avec Rickson vont se dégrader, en grande partie à cause de son entourage. Christian Derval décide de se séparer de l'école de Rickson pour travailler avec un autre expert, Flavio Behring (9ième dan), dont les conceptions concernant le respect et l’attitude que l’on se doit d’avoir sur un tapis étaient proches des siennes. Début 2010, devant une commision brésilienne de JJB, Christian Derval reçoit le grade de 4ième Dan de Jiu Jitsu Brésilien.

Le Mercredi 30 Mai 2012, atteint d'un cancer du poumon et après s'être battu courageusement de long mois, Christian s'est éteint. Nous ne pouvons que rendre hommage à ce Maître, qui n'a cessé de développer le JJB en France.

 

 

Le Jiu Jitsu Brésilien vu par Christian Derval (avril 2009):

Le Jiu-Jitsu Brésilien trop souvent assimilé aux UFC ou plus régulièrement au newasa (combat au sol) voit sa pratique petit à petit se scléroser et d’ailleurs certains autres arts martiaux, ne voient dans cette discipline, qu’un moyen d’améliorer, leur propre pratique.

Aussi, il me paraît important de retrouver une ligne directrice à notre activité.

Je pense que tout type de population peut se retrouver dans notre enseignement car le Jiu-Jitsu Brésilien c’est 3 directions de travail différentes. A savoir :

 

La self défense

Combat de type « vale tudo »

Le combat au sol

La différence essentielle entre le 1 et le 2 ne réside pas dans la technique, car celles-ci sont transversales, mais dans la façon d’appréhender le combat. En self défense il y a une notion de surprise (l’adversaire étant déjà dans votre périmètre de sécurité, la défense va faire appel à « un acte reflexe », travaillé à l’entraînement sous forme de répétitions (uchi komi).

Pour le combat nous sommes face a un adversaire qui a la même ambition que nous c'est-à-dire gagner le combat avec ses propres armes. Il va nous falloir casser la distance, car cette fois ci nous sommes en dehors du périmètre de sécurité, et la stratégie entre en ligne de compte.

La 3ème partie, le combat au sol bénéficie aussi de ces techniques transversales, mais le combat va pouvoir se terminer au sol (dans ce cas de figure, s’il y a plusieurs adversaires, il est bien sur de conseillé d’aller vers le newaza) et bien sur le développement de la partie compétition.

Dans « art martial » il y a art, si l’on se réfère à d’autres arts comme la musique par exemple, il y a des règles à respecter et nous pouvons les appliquer au Jiu-Jitsu Brésilien.

On peut apprendre à jouer d’un instrument « a l’oreille », mais sans les gammes et le solfège, on se retrouve vite dans une impasse :

 

Les gammes :

Pour nous ce sera toutes les formes de déplacement permettant d’accéder à la technique avec le maximum d’efficacité sur la mobilité. Un grand maître de judo regardait un jour Aurélien, mon fils, et Patrick Roux (un judoka de très haut niveau) travailler ensemble. Le randori était très fluide et sa réflexion a été de dire que ce n’était pas du newaza, car le newaza, c’était « la pression », il avait tout à fait raison, pour celui qui était au-dessus, mais pour celui qui était au-dessous ? C’est justement sa mobilité travaillée grâce aux éducatifs qui va lui permettre de ne pas recevoir la pression, et créer des espaces pour pouvoir échanger.

 

Les Bases :

On peut déterminer que l’on est en base a partir du moment que l’on est :

SMS = stable – mobile – sécurisé

Si l’on perd l’un de ces éléments on va vite se retrouver en difficulté, avec un adversaire qui comme aux échecs pourra jouer avec un coup d’avance.

On déterminera dans les positions traditionnelles les attitudes a avoir pour être en base.

Ex : je suis dans la garde, position idéale pour être en SMS. Je suis sur le dos, adversaire dans la garde, quelle attitude dois-je avoir ?

 

Techniques de bases que l’étudiant doit connaître dans les situations les plus conventionnelles.

Techniques intermédiaires

Techniques avancées

C’est ce cursus, auquel il faut ajouter un bon comportement en randori (combat d’entraînement) et une connaissance de l’histoire de notre sport qui pourront faire de vous une bonne ceinture noire de Jiu-Jitsu Brésilien.

 

Mais l’on ne peut pas aller vers les techniques avancées en faisant l’économie de l’apprentissage des gammes et des bases (ce qui reviendrait à apprendre à jouer d’un instrument sans solfège).

Ceci est en toute humilité ma réflexion sur notre art et c’est la trame qui est enseignée au Cercle Tissier.

Elle a vu le jour au fil du temps après une 1ère expérience avec Rickson Gracie mais surtout avec mon ami et Maître Flavio Behring avec qui j’ai la chance d’échanger des points de vue qui vont au-delà de la technique.

Je pense que les ceintures formées par notre système sont de bonnes ceintures noires et pas seulement de bons combattants.

La compétition qui, à mon sens est un passage obligé dans la construction d’un Jiu-Jitsuka n’est qu’un passage qui nous donnera une expérience supplémentaire (gestion du stress, piste de travail pour progresser etc…) n’oublions pas que nous les éducateurs sommes là pour former des hommes et non pas des champions.

La vertu d’un art martial c’est que l’on peut pratiquer longtemps, longtemps, longtemps…

Chacun voit dans le Jiu-Jitsu, ce qu’il veut bien y voir.

 

Ceci est ma réflexion et non pas la vérité. Aussi si votre idée du Jiu-Jitsu Brésilien est différente, échanger fait partie de notre progression.